La candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat se dessine en Côte d’Ivoire
CÔTE D'IVOIRE
La candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat se dessine en Côte d’Ivoire
Depuis la mort subite de son dauphin désigné, le chef de l’Etat, qui termine à 78 ans son deuxième quinquennat, n’exclut pas de se représenter.
" Pétition" de militants, appels de personnalités de son parti, « confidences » à un journal : une candidature du président Alassane Ouattara à sa propre succession pour un troisième mandat se dessine en Côte d’Ivoire après le brusque décès de son dauphin, Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet.
En mars, le chef de l’Etat, qui termine à 78 ans son deuxième mandat, avait déclaré vouloir « laisser la place aux jeunes » lors du prochain scrutin présidentiel du 31 octobre. C’est son premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, qui avait été intronisé candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Mais la mort inattendue de ce dernier à 61 ans d’un infarctus a bouleversé le scénario. Contraint de trouver un nouveau candidat à trois mois du scrutin, le RHDP semble d’ores et déjà préparer le terrain au président sortant.
"Je ne vois hélas pas d’autre solution"
A peine les funérailles du premier ministre passées, deux dirigeants du parti présidentiel ont pris position publiquement en faveur d’une candidature du chef de l’Etat pour un troisième mandat. « Le seul choix qui vaille, c’est que le président Ouattara reprenne le flambeau », a déclaré dimanche sur TV5 le directeur exécutif du RHDP et ancien ministre, Adama Bictogo. Il l’a répété le lendemain sur RFI : « A trois mois de la présidentielle, il nous est difficile de sortir du chapeau un nouveau leader. Le président Ouattara reste le grand rassembleur. »
C’est également le message porté, sur un ton plus mélodramatique, par le porte-parole du RHDP, Kobenan Kouassi Adjoumani. Dans une lettre publique au président Ouattara dimanche, ce dernier va jusqu’à implorer le chef de l’Etat « d’accepter le sacrifice d’être candidat ». « Le regard des militants se tourne inexorablement vers vous et vous seul » pour « redonner [aux militants] l’espoir que la disparition d’Amadou Gon leur a arraché ». « Il n’y a que votre candidature qui puisse à nouveau rassembler toute la grande famille du RHDP », et « garantir la sécurité, la stabilité et la paix si chères à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens », dit le texte.
Sur les réseaux sociaux, les organisateurs non identifiés d’une « pétition » pour une candidature de M. Ouattara, qui seraient « des jeunes proches du RHDP », affirment avoir obtenu plus de 700 000 signatures en sept jours. Un chiffre invérifiable mais une initiative qui confirme une tendance.
Alassane Ouattara lui-même ne s’est pas encore exprimé officiellement, mais il s’est confié le 15 juillet au magazine Jeune Afrique. « A l’heure actuelle, compte tenu des délais, je ne vois hélas pas d’autre solution pour préserver la stabilité du pays », a déclaré le président, tout en précisant poursuivre sa réflexion.
Tensions au sein du RHDP
L’analyste politique Sylvain N’Guessan rappelle que des dissensions étaient apparues au sein du RHDP après la désignation d’Amadou Gon Coulibaly comme dauphin. Elles ont entraîné le départ de deux fidèles du président, à qui l’on prêtait des ambitions présidentielles, le ministre des affaires étrangères Marcel Amon Tanoh, puis le vice-président Daniel Kablan Duncan.
« Il sera difficile pour le RHDP de trouver un candidat consensuel en dehors du président Ouattara », note M. N’Guessan. De plus, le chef de l’Etat « a toujours laissé une fenêtre ouverte, en disant que si ceux de sa génération étaient candidats, il pourrait se représenter ».
Ce qui est le cas, puisque l’ex-président Henri Konan Bédié, 86 ans, défendra les couleurs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition. Le Front populaire ivoirien (FPI), de son côté, espère une candidature de l’ancien président Laurent Gbagbo, 75 ans, toutefois hypothéquée par la procédure toujours en cours contre lui à la Cour pénale internationale de La Haye.
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