Plan de relance : l'Italie tente d'arracher des aides sans conditions

POLITIQUE 

Plan de relance : l'Italie tente d'arracher des aides sans conditions


Le président du Conseil italien a rencontré ses homologues allemand, hollandais, espagnol et portugais. Des rencontres destinées à préparer le Conseil européen de ce weekend. Rome veut éviter qu'une minorité de pays représentant 35 % de la population de l'UE puisse bloquer l'octroi des aides européennes.

Le tour d'Europe de Giuseppe Conte fait étape à Berlin. Le président du Conseil italien l'a entamé la semaine dernière à Lisbonne avant de le poursuivre à Madrid et La Haye. Une série de tête à tête qui intervient avant le Conseil européen extraordinaire à Bruxelles ce weekend.

Les négociations s'ouvriront sur le plan de relance et Rome aspire à en être la principale bénéficiaire. La chancelière allemande, qui vient tout juste de prendre la présidence de l'UE , sera décisive. « Nous devons être solidaires, a-t-elle déclaré. Nous arriverons à un accord pour le plan de relance. » Prenant acte de la difficulté des futures négociations, Giuseppe Conte lui a répondu en rappelant sa« confiance dans son sens des responsabilités et son courage. Nous allons tous connaître la récession et nous risquons la fragmentation du marché unique. Nous avons rendez-vous avec l'Histoire ».

"dirigeant italien multiplie ainsi les rencontres avec ses homologues. « Cette tournée sert à prouver son activisme international, estime Massimilano Pananari, politologue à l'université Mercatorum de Rome. L'Europe constitue en outre la principale source de légitimité et une référence essentielle de son gouvernement à la veille d'une catastrophe économique et sociale. Giuseppe Conte veut transférer au niveau européen son image de médiateur. Son but est de construire un front des pays du Sud, éventuellement avec la France, pour disposer d'une masse critique dans les négociations face aux pays du Nord. »

Les « pays frugaux » demeurent sceptiques

Ces pays dits « frugaux » ne cachent pas leur scepticisme sur les réelles intentions de l'Italie . « Il faudra surveiller son programme de réformes, a averti le chancelier autrichien Sebastian Kurz, avec la lutte contre l'évasion fiscale et la bureaucratie, ainsi que la promotion d'un système économique plus performant. On connaît bien nos voisins. Par le passé, les programmes promus par l'Europe n'ont pas toujours eu le succès escompté. »

Une fermeté partagée par le Premier ministre hollandais Mark Rutte qui a enjoint Giuseppe Conte à annuler la réforme facilitant les départs anticipés à la retraite. « Vous n'êtes pas la Troika », a sèchement rétorqué ce dernier. Tout comme il avait répliqué le mois dernier à Angela Merkel qui l'incitait à recourir au Mécanisme Européen de Stabilité (MES) : « C'est à l'Italie qu'il revient d'en décider, c'est moi qui tiens les comptes ».

L'opportunité du plan de relance

Giuseppe Conte va surtout devoir faire les comptes face à la pire récession de la zone euro . « L'accès au MES est indispensable et il pourra mieux surmonter l'opposition du M5S si l'Espagne et le Portugal y ont également recours, poursuit Massimiliano Pananari. Ce plan de relance est une opportunité pour réformer l'Italie, mais aux annonces doivent correspondre des faits concrets. Pour le M5S, les ressources promises par Bruxelles serviront à renforcer l'assistanat. Il faut convaincre l'Allemagne, qui sera décisive dans l'issue des négociations qui s'ouvrent, que ce n'est pas le cas. »

Rome voudrait ainsi éviter qu'une minorité de pays représentant 35 % de la population de l'UE puisse bloquer l'octroi des aides européennes. Le but serait de porter ce seuil à 65 % de la population et d'éviter au maximum toute conditionnalité. Pour y arriver, la presse italienne est convaincue que Giuseppe Conte n'aura pas d'autres choix que de revoir à la baisse ses exigences sur le montant des futurs mécanismes de prêts garantis par Bruxelles.

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