Afrique : Soutenir les femmes africaines à faire face aux conséquences économiques du COVID-19

Soutenir les femmes africaines à faire face aux conséquences économiques du COVID-19

Alors que le COVID-19 (coronavirus) se propage à travers le monde, il est attendu que la maladie ait de graves répercussions humaines en Afrique subsaharienne, avec au moins 110 millions de personnes infectées dans la région. Les conséquences économiques immédiates de la pandémie pour les économies africaines devraient également peser lourd, entraînant la première récession régionale en près de 25 ans et poussant quelque 23 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté.

Face à la crise humaine et économique provoquée par le COVID-19, les inégalités existantes entre les genres en matière d’opportunités économiques pourraient s’aggraver, comme cela a été observé lors de précédents chocs sanitaires de grande ampleur tels que l’épidémie d’Ebola (2014-2016). Au Libéria, par exemple, les femmes ont connu des pertes d’emplois plus sévères et plus longues que chez les hommes, les femmes travaillant de manière disproportionnée dans les secteurs les plus touchés. En parallèle, en Sierra Leone, les fermetures d’écoles et les opportunités économiques réduites ont conduit les filles à passer davantage de temps avec les hommes, augmentant ainsi leurs probabilités de tomber enceinte et de quitter l’école

Les décideurs politiques travaillant à relever les défis sanitaires et économiques critiques auxquels la région est confrontée peuvent tirer des données concluantes des évaluations d’impact à travers le continent. Une nouvelle note de synthèse, basée sur les recherches du laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique de la Banque mondiale, fournit des indications utiles sur les options politiques visant à renforcer la résilience économique des femmes.

Protéger les moyens de subsistance des femmes pendant la phase d’intervention d’urgence

Les programmes de transferts monétaires peuvent aider les ménages à atténuer les chocs de consommation en temps de crise ; les données du Nigéria montrent que ces transferts sont tout aussi efficaces lorsqu’ils sont effectués sur une base trimestrielle que lorsqu’ils le sont mensuellement. Au Nigéria, les femmes ayant reçu des transferts en espèces, quelle que soit leur fréquence, ont été plus susceptibles de travailler et leur ménage a connu une meilleure sécurité alimentaire et un investissement 
plus important dans des actifs. Cela implique que les transferts monétaires peuvent être effectués à un coût de mise en œuvre inférieur et avec moins d’interactions de personne à personne, ce qui contribue à limiter la propagation du virus, sans compromettre les résultats positifs pour les femmes et leur ménage. Les transferts monétaires peuvent également être utilisés comme outil de relance économique : les femmes en ayant bénéficié se sont davantage engagées dans des activités économiques à domicile, comme celles liées au petit commerce ou au traitement du riz.

Stimuler la productivité, les revenus et l’inclusion des femmes sur le marché pour accélérer la reprise économique

En Afrique, les femmes représentent 58 % de la population des travailleurs indépendants du continent. Cependant, les entreprises appartenant à des femmes sont particulièrement vulnérables aux chocs, car elles relèvent de manière disproportionnelle du secteur informel et qu’elles opèrent dans des secteurs moins rentables. Pour protéger les entreprises détenues par des femmes des effets du COVID-19, les lignes de crédit et un financement intermédiaire entre la microfinance et la finance classique (mésofinancement) peuvent fournir des liquidités indispensables aux femmes entrepreneurs, qui sont déjà moins susceptibles que les hommes d’accéder à des prêts. En Éthiopie,  par exemple, le Projet de développement de l’entrepreneuriat féminin a octroyé 23,3 millions de dollars aux femmes entrepreneurs au cours de la première année de sa mise en œuvre, 66 % des bénéficiaires réalisant un premier emprunt. Trois ans plus tard, les participantes avaient augmenté leurs bénéfices de 40 % en moyenne.

Pour soutenir la reprise économique dans la région, des concours entrepreneuriaux et des formations en compétences générales pourraient aider les entreprises appartenant à des femmes à rebondir. Des concours de plans d’affaires, qui se sont révélés utiles pour surmonter les contraintes de capital et encourager l’investissement dans divers contextes, pourraient également être mis en œuvre après la crise, pendant la reprise. La formation à l’initiative personnelle, qui encourage les femmes entrepreneurs à être proactives et à faire preuve de persévérance, peut également les aider à se remettre de la crise. Au Togo, ce type de formation a permis à ces femmes entrepreneurs d’enregistrer une augmentation de 40 % de leurs bénéfices par rapport à celles qui ont suivi une formation commerciale traditionnelle.



Les femmes ayant bénéficié d’une formation encourageant l’initiative personnelle ont constaté une augmentation de 40 % de leurs bénéfices, alors que cette augmentation n’a été que de 5 % pour celles qui ont suivi un programme classique de formation.

Le travail agricole, quant à lui, est composé d’environ 40 % de femmes à travers le continent africain, mais ces dernières ont des rendements agricoles inférieurs à ceux des hommes. La pandémie risque d’aggraver ces inégalités. Fournir des intrants productifs directement aux agricultrices peut avoir des effets positifs sur leurs résultats économiques. En Côte d’Ivoire, par exemple, les résultats préliminaires d’une évaluation d’impact en cours du projet d’appui au secteur agricolefinancé par la Banque mondiale montrent que la fourniture de bœufs aux chefs de ménage peut aider les ménages à cultiver davantage de terres et aider les femmes de ces ménages à se tourner davantage vers des modèles de travail indépendant.

L’expérience passée de l’épidémie d’Ebola montre que les programmes destinés aux adolescentes pourraient aider à accroître les possibilités économiques des filles et à atténuer les effets des crises futures. Un programme pour adolescentes mis en œuvre en Sierra Leone (avant l’épidémie d’Ebola) a aidé les jeunes femmes à rester à l’école et à éviter les grossesses non désirées après les crises, suggérant que ces programmes pourraient être mis en œuvre dans la phase de relèvement afin d’aider à protéger les filles contre les chocs futurs. Au cours de l’épidémie d’Ebola, un programme pour adolescentes mis en œuvre par le Comité international de secours au Libéria a augmenté le passage des adolescentes du primaire au secondaire et a entraîné des impacts durables sur leurs résultats scolaires.

À l’avenir, la prise en compte des disparités entre les genres en tant qu’élément clé lors de la conception des programmes d’intervention et de relèvement liés au COVID-19 sera cruciale pour protéger la vie et les moyens de subsistance des femmes. Ce moment critique de la réponse à la crise offre aux décideurs une occasion non seulement de lever les contraintes majeures liées à l’autonomisation économique des femmes en améliorant l’accès de ces dernières aux ressources essentielles, mais aussi de stimuler une reprise économique inclusive en Afrique subsaharienne.

Auteurs

Amy Copley 
Alison Decker
Fannie Delavelle 

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