Mort de George Floyd : l’Afrique oscille entre indignation et retenue

Mort de George Floyd : l’Afrique oscille entre indignation et retenue

Le président du Ghana a été l’un des rares chefs d’Etat à condamner fermement le racisme aux Etats-Unis, aux côtés de stars du football ou de la musique.

Devant l’ambassade des Etats-Unis à Nairobi, au Kenya, quelques dizaines de manifestants brandissant des pancartes « Silence is violence ». Une pétition déposée à celle d’Accra, au Ghana, par une organisation défendant les droits des diasporas africaines, afin de demander à la justice américaine de se montrer exemplaire. Un petit groupe de courageux regroupés sous la bannière « Black Lives Matter », bravant la pluie à Lagos, au Nigeria, pour exprimer leur indignation. Effet coronavirus limitant les manifestations, crainte d’une répression policière ou simple distance avec l’événement… La mort de George Floyd, un Afro-Américain étouffé sous le genou d’un policier blanc de Minneapolis, le 25 mai, n’a pour l’heure été suivie d’aucun rassemblement d’envergure sur le continent africain.

Les condamnations, les expressions de colère et les demandes de justice affluent en revanche sur les réseaux sociaux. Alors que l’Afrique officielle est souvent jugée d’une extrême timidité lorsqu’il s’agit de critiquer Washington, l’une des paroles les plus fortes est venue du président du Ghana. « Les Noirs sont choqués et consternés par le meurtre d’un homme noir non armé par un policier blanc aux Etats-Unis […] Ce n’est pas possible au XXIe siècle que les Etats-Unis, ce grand bastion de la démocratie, continuent d’être aux prises avec le problème d’un racisme systémique », a écrit Nana Akufo-Addo dans un communiqué publié sur Twitter et où apparaît le visage du défunt sur fond noir. Et de conclure : « Nous espérons que la mort malheureuse et tragique de George Floyd inspirera un changement durable dans la façon dont l’Amérique affronte les problèmes de la haine et du racisme. »


Bien que le Ghana, l’un des berceaux du panafricanisme lors de son indépendance, soit désormais un allié des Etats-Unis, d’autres figures de la classe politique locale ont exprimé leur consternation. Réputé pour sa verve, l’ex-président Jerry Rawlings a imploré sur les réseaux sociaux « chaque Américain à regarder la vidéo » de l’arrestation de George Floyd. « Comment est-il possible qu’un policier soit à l’origine d’une mort aussi violente et cruelle, qu’il étouffe avec son genou un homme noir jusqu’à ce qu’il ne bouge plus ? », demande-t-il avant de lâcher : « Honte à l’Amérique, honte aux Américains. »

Des pratiques discriminatoires persistantes 

Dans un ton plus diplomatique mais non moins ferme, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a condamné dès le 29 mai « le meurtre de George Floyd […] aux mains d’agents des forces de l’ordre ». Alors que certains n’ont pas tardé à lui reprocher sa discrétion sur les répressions policières commises dans plusieurs pays africains, l’ancien premier ministre tchadien a profité de l’occasion pour se référer à « la résolution historique de l’OUA [l’ancêtre de l’UA] sur la discrimination raciale aux Etats-Unis », prise lors de la première conférence de l’organisation, en 1964 en Egypte, et pour réaffirmer « le rejet par l’UA des pratiques discriminatoires persistantes à l’encontre des citoyens noirs des Etats-Unis ».

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le vaccin de Johnson & Johnson autorisé dans l'Union européenne

L'OMS donne son homologation au vaccin Johnson & Johnson

Joe Biden veut 100 millions de doses supplémentaires du vaccin de Johnson & Johnson